C’est ça qui faisait une de nos réactions contre les éternelles coordonnées de famille de la psychanalyse. C’est que moi je n’ai jamais vu un schizophrène qui ait vraiment des problèmes familiaux, c’est même tout à fait autre chose. Enfin c’est trop facile ce que je dis parce qu’on peut toujours dire : Il y a des problèmes familiaux, mais en tout cas, au moins qu’on m’accorde qu’il ne les énonce pas et ne les vit pas comme des problème familiaux. Comment il les vit ?
Une des choses fortes il me semble, vraiment là, c’est
presque ce qui maintenant me plaît le plus quand je repense à
"L’anti-Œdipe", une des choses fortes de "L’anti-Œdipe", à mon avis et
ça, ça devrait pouvoir rester, c’est l’idée que le délire est
immédiatement investissement d’un champ social historique.
Je dis ça devrait pouvoir rester parce que c’est le type d’une idée
simple, c’est pas compliqué de dire : ben vous savez hein, qu’est-ce que
vous délirez finalement, vous délirez l’histoire et la société, c’est
pas votre famille ! Votre famille, je repense toujours au mot si
satisfaisant de Charlus, dans la "Recherche du temps perdu", quand
Charlus arrive, pince l’oreille du narrateur et lui dit : "hein ta
petite grand-mère tu t’en fous, tu t’en fous canaille ?".
D’une certaine manière on en est tous là.
Ça ne veut pas dire qu’on ne les aime pas nos grand-mères, nos pères,
nos mères, bien sûr on les aime. Mais la question c’est de savoir sous
quelle forme et en tant que quoi.